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JEF Novembre 2021L’enfant qui s’émerveille *
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Les routes de
France et de Navarre s’ébrouant depuis le printemps dernier des restrictions de
déplacements, je décide d’accepter avec enthousiasme les différentes
invitations reçues et de venir à votre rencontre, vers vous, les inlassables
admirateurs de Jacques. De plaines en
vallées, de centres culturels en librairies, dès le mois de septembre, les itinéraires
se dessinent tant en Belgique que sur l’Hexagone. Je vous retrouve,
comme avant ! Pas vraiment. Tous nous avons
traversé cette zone de turbulence dans laquelle se mêlèrent, tant d’émotions
dans un tourbillon bouillonnant, faisant naître nombre d’interrogations sur lesquelles
l’incertitude régna en maître, sur un grand flou qui n’avait rien d’artistique
mais qui dessina un avant et un après. Ces dernières
semaines, lors d’une conférence ou d’une séance de dédicaces, j’étais heureuse
de vous voir nombreux à souhaiter un moment de partage. Mais quel étrange
trouble ressenti face à vos visages barricadés, semblables à une image déchirée,
une fleur fanée, un mot coupé, un cœur blessé, ne pouvant découvrir que la
lumière de vos regards. Se faufilant entre les
grandes personnes, seuls les enfants gambadaient joyeusement, à sourire découvert. Ainsi ce garçon d’une
dizaine d’années, rencontré fugacement à Charleroi, comme sorti du carnet de
dessins d’Antoine de Saint-Exupéry. Merveilleux de spontanéité, attendrissant
d’étonnement et tout surpris de me rencontrer inopinément lors d’une séance de
dédicace à la libraire Molière. Tel Le Petit
Prince fasciné devant sa rose, l’enfant s’arrête net face à moi, apparemment
troublé de rencontrer la fille du chanteur qu’il admire. Sans me quitter des
yeux il me parle de mon père, de ses chansons préférées avant de me demander
avec une infinie gentillesse la permission de le prendre en photo à mes côtés. Enfreignant
consciemment les consignes de distanciations réglementaires, désobéissante, je
pratique celles de l’affection indispensable. Proches alors l’un de l’autre je
sens la chamade des battements de son cœur en fête. Dans l’instant de
cette expérience inattendue, il m’apparait comme le symbole à la fois de tous
les enfants pour lesquels j’ai rédigé cette nouvelle petite biographie de mon père
qui vient de paraître, mais aussi celui de la porte ouverte à la continuité de
la transmission.
Et mon cœur non masqué
sourit à l’arrivée de cette nouvelle génération. France Brel
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| Illustration de Coraline Rivière du livre écrit par France Brel Dans la collection Mes docs de Belgique aux éditions Auzou Belgique | |
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Rencontres avec France : Présentation des films « Brel parle » et « Les Adieux à L’Olympia » • Outreau Présentation par France Brel et projection du film « Brel parle » Mardi 9 novembre de 19h30 à 21h Centre Jacques Brel (77
Bis, Boulevard de la Liberté, 62230
Outreau) • Anderlecht Présentation par France Brel et projection du film « Les Adieux à L’Olympia » Mercredi 24 novembre à 15h30 La Maison des Voyageurs (Avenue Scheut 145 1070
Anderlecht) | | |
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| France continue à vous présenter les intentions de la chronique qu’elle écrit et l'illustre par un extrait
La rédaction de cette Chronique me donne l’occasion de transmettre certaines
expériences de mon père, grâce aux souvenirs de témoins directs. Au printemps 1944, Jacques et son ami, le jeune Robert Stallenberg,
demandent à leur professeur, l’abbé Dechamps, l’autorisation de créer une
Dramatique au sein de l’Institut. Ce dernier accepte le projet précisant qu’il
verrait le jour à la prochaine rentrée. À l’automne 1944, tenant parole, le
professeur propose aux amis une première pièce à travailler.
Dans la première pièce que j’ai choisie, Tête folle d’Anthony
Mars, Jacques interprète le rôle du commandant Crochard[1]. Le personnage du capitaine
Crochard, comme les autres rôles de la pièce, obligent les jeunes gens à
chanter des refrains entraînants, repris par les comédiens tout au long de la
pièce. Belle ironie du sort pour l’élève renvoyé du cours de chant ! Le
personnage que mon père incarne lui permet d’être tonitruant, exubérant, et il ne
s’en prive pas, camouflant ainsi sa grande timidité pour affronter le public
présent. L’abbé Dechamps qui connaît de nombreux vicaires dans Bruxelles, les
informe de la création de sa nouvelle troupe.
La pièce se
donne dans différentes paroisses mais l’abbé de Coster qui s’occupait du
théâtre à Saint-Louis répétait sans cesse : Ton Brel il exagère. Il en remet[2] ! Sur scène, après avoir dépassé sa
timidité naturelle, mon père donne le meilleur de lui-même. Ces exubérances ne
sont plus sanctionnées comme le sont régulièrement ses farces et pitreries en
classe. Sensible à l’impact provoqué par ses répliques et interprétations, il
ne manque jamais l’occasion d’en rajouter un peu quand il se retrouve face à un
public réactif, comme s’il cherchait à devenir, à travers ses impertinences et son caractère frondeur, un nouveau
Thyl Uylenspiegel.
Il fallait toujours le tempérer. Il n’avait pas de
mesure. Nous avons affaire à un grand timide et au moment où le rideau
s’ouvrait, il était saisi, la voix ne sortait pas très bien mais dès que le
public réagissait, il était parti. La grande difficulté était de le calmer. Je me
souviens d’une scène quand le rideau tombait. Un des acteurs disait à
Jacques : « tu m’as volé ma réplique ! » Il avait tendance
à un peu trop s’imposer[3]. Le jeune Robert apprend vite, et à ses dépens, que Jacky
peut aussi, en coulisses, devenir imaginatif, laissant libre cours à son esprit
facétieux. À
cause de tous ces gags nous étions très mal vus dans une paroisse où nous
allions jouer. Un jour, alors que nous étions sur scène, Jacques avait trouvé
une cloche en coulisse et brusquement il a agité sa cloche en criant :
Pétrole ! Pétrole[4] !
Les marchands ambulants étaient
nombreux dans les rues du vieux Bruxelles. Ceux qui y vendaient du pétrole
lampant y circulaient, leurs citernes installées sur leurs charrettes, criant
au son de leurs cloches : « Pétrole ! Pétrole ! » Satisfait du travail et de l’implication de sa jeune
troupe lors de son premier spectacle, et malgré les pitreries de Jacky, l’abbé
Dechamps propose rapidement à ses jeunes comédiens de jouer une
nouvelle pièce : un drame historique en trois actes, un épisode de la
chouannerie, Yvonnik de Charles Le Roy Villars. La pièce se déroule une nuit d’avril en l’an 1795 en
Bretagne. Elle met en scène plusieurs personnages dont un gentilhomme
royaliste, le marquis de Kerhoz, rôle tenu par Jacky. Un vieux
paysan traître et cupide, Yann Tortik est joué par son camarade Jacques
Maerten. Robert Stallenberg incarne Yvonnik et Lucien Costermans prend le rôle
de Kadok. Le patriotisme, l’héroïsme, la fidélité à la parole donnée et la
dignité sont les thèmes développés tout au long du drame. Lorsque
nous répétions une pièce, Jacky venait me trouver et me disait : est-ce
qu’on ne pourrait pas faire comme ceci. Il y aurait peut-être moyen de faire
cela. Il était un véritable collaborateur pour la mise en scène. Il ne le
disait pas pendant la pièce, restant très discret à ce point de vue-là. Le personnage de Yvonnik, jeune homme enthousiaste,
maniant son bâton de marche avec autant d’agilité que sa langue impertinente,
est prêt à mourir par fidélité à la parole donnée et a toujours servir la noble
famille de Kerhoz qui a sauvé la sienne. A l’image de Thyl, le héros de Charles
Decoster, Yvonnick, ne manque ni de panache, ni du sens de la répartie.
Certaines répliques de la pièce semblent sorties de l’univers secret de Jacky :
J’aime tant
causer la nuit avec les étoiles ! Un peu plus loin encore : On n’a pas froid quand on rêve,
Monsieur le Marquis !
À suivre…
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| Histoire de la Fondation Brel en 12 épisodes Episode 11/12
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De 2017 à 2018
En
1993, consciente de l’importance de la sauvegarde de nos documents afin de les
transmettre au public, nous entamons une première restauration du récital de mon
père au Casino de Knokke, filmé en juillet 1963. En 2017,
plus de 20 ans après… lire la suite
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| Pendant ce mois d'octobre, les oeuvres de Jacques Brel ont inspiré… | | |
| Voir un ami pleurer
Dans une adaptation voix et saxophone par le producteur de musique belge Julien Hucq, basé à New York. Ne me quitte pas
Dans le cadre de la série TV « Half Stack #101 ». Synopsis : Steven Grant, un homme aux manières douces qui mène une vie banale, est assailli de trous de mémoire et de souvenirs d'une vie distincte de la sienne. Mais après un comptoir fatidique, Steven apprend qu'il partage son corps avec Marc Spector - un ancien mercenaire et l'avatar impitoyable de Khonshu, le dieu égyptien de la lune et de la vengeance. Avec leurs ennemis qui convergent vers eux, Steven doit apprendre à s'adapter à cette révélation et à travailler avec son alter ego alors que d'autres motivations divines sont en jeu. La ColombeDans une nouvelle production audiovisuelle brésilienne, Globo. Ne me quitte pasDans une nouvelle version en slovène intitulée Ce Odides Kdaj, de Sandra Klemm. Le MoribondCitation en japonais de la version de Terry Jack, dans un roman traduit vers le japonais. Une île Enregistrement de la chanson Une île sur le prochain album de Géraud Portal, contrebassiste de jazz professionnel, en duo avec son Frère Edouard Portal, chanteur lyrique à l'Opéra de Limoges. MathildeL’enregistrement de Scott Walter repris dans l’épisode 104 de la prochaine série Amazon "Outer Range". Madeleine, Les Bourgeois et La Chanson des vieux amantsDans un e-book danois à l’attention des adolescents qui souhaitent apprendre la langue française. VesoulSIGNES à L'ŒIL présente "Vesoul" de Jacques Brel, interprétée en Langue des Signes Française par Aleksi Bernheim. | | |
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| Rêver un impossible rêve
Un concept d’Octavie Gérard, poème inédits de Jacques Brel. Avec Régis Lardeux au chant, Valentin Beaune au piano et Michel Brière. Le vendredi 19 novembre à 18h au théâtre municipal de Chateaudun. Réservations : Université du Temps Libre de la Région Dunoise. | |
| Brel et Barbara, héros fragiles
Conception et mise en scène Julie Daoust et Renaud Paradis. Les 4, 5 et 6 novembre 2021 au Rideau Vert (4664, rue Saint-Denis, Montréal) | | |
| Vos témoignages« Merci pour cette belle visite. J’ai rêvé de venir. Je ne suis pas déçu. » Gilbert « Magnifique. Les mots nous manquent. À bientôt. Impatient de voir la suite. Merci. » José « Merci pour cette découverte agréable de Bruxelles à travers le point de vue "brelesque". » « Très instructif et qui pousse à la réflexion. Pas que sur Brel, mais aussi sur soi-même, sur nos vérités. » Eric « Une belle occasion de découvrir les différentes facettes de la personnalité de Jacques. » | | |
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| | © Fondation Jacques Brel d’utilité publique 2018. | | |
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