JEF
Juillet 2020
Un visage rayonnant
de noblesse
En cette période estivale, souhaitant proposer
au public une nouvelle série de cartes postales, je retrouve une belle photo de
Jacques dans son rôle de L’Homme de la Mancha. Le cliché montre, noué à la lance du
Chevalier, un chiffon, le gage de fidélité demandé à sa Dulcinée.
Habituellement, la Dame offre une écharpe de soie, mais qu’importe, Don Quichotte
est aveuglé par son autre réalité. Me reviennent les dialogues de cette scène où le
visage éclairé par sa quête, Don Quichotte, veille dans la cour d’une auberge qu’il
pense être un château. Et comme dans certaines de ses chansons, mon père se
regarde, se parle et se répond.
- France Brel
(Don Quichotte dans une demi-obscurité sur un côté de la scène. Il pense à sa Dame
et se prépare à sa nuit de veille…)
DON QUICHOTTE
Maintenant, considérons comment les sages des
temps futurs décriront cette nuit historique.
(Temps
d'arrêt… Puis il se remet en marche)
Longtemps après que le soleil eut rejoint sa
couche, à l'heure vacillante où toute la Mancha communie avec la nuit, Don
Quichotte marchait à pas mesurés en la cour d'un château mérité qu’illuminait
son visage rayonnant de noblesse.
(Il change de ton)
Tu n'es qu'un faiseur de courants d'air et tu
oses salir cette nuit par ta misérable vanité. Fi donc ! Don Quichotte, il te
faut regarder la vie et tenter de la vivre noblement.
(A genoux)
Rien n'est à toi, jamais, rien que ton âme.
N'aime de ton présent que sa part d’avenir.
Ne prends point le plaisir de peur qu'il ne te
prenne.
Regarde le Levant : les nids abandonnés ne
parleront jamais des oiseaux de l'an neuf.
Et dis-toi, dans le doute, que rien ne nous
est dû si tout nous est prêté.