JEF 

Mars 2022

Au Printemps, au printemps…

Ce mot porteur d’espoir, sur cette mélodie entrainante de la chanson de Jacques est devenu à la Fondation notre unique réponse à la question de savoir à quelle date, trois de nos projets en chantier seront terminés.  

 C’est au printemps que paraitra le livre Jacky, premier volume du récit de la vie de mon père que je rédige sous forme de chronique et dont je vous dévoile un dernier extrait dans ce Jef.  Entre souvenirs, témoignages et documents, dans la lignée du livre Auteur, paru en 2018, qui rassemble tous les textes et chansons de Jacques, il me tarde de vous proposer plus de 300 pages consacrées à son enfance et adolescence, ce terreau merveilleux des choix d’une vie. Plus d’informations sur cette publication vous parviendront très rapidement. 

C’est aussi vers la fin du printemps que je prévois les premières projections dans notre Ciné Brel, de la suite du film J’arrive, réalisé l’année dernière.Dans ce deuxième film, Le Pacifique, le spectateur retrouve mon père, ses itinéraires, ses extraits de lettres, et les témoins de cette période peu connue. Navigant dans les Caraïbes, Jacques descend vers le canal de Panama et, après 59 jours de mer, arrive aux Iles Marquises en octobre 1976. 

Et c’est également au printemps que nous inaugurerons notre plate-forme Brel@ home. Le premier document disponible sera Les Adieux de Brel à l’Olympia, concert restauré en 2017 et sous-titré en 13 langues différentes.   

Mais à l’heure où je rédige ces lignes, je pense à toutes celles et ceux qui vivent l’horreur d’un printemps couleur de guerre. Et me revient ce vers d’une autre chanson de mon père qui ne put jamais oublier, éberlué, du haut de ses onze ans d’altitude, ce matin du 10 Mai 40 à Bruxelles. Aujourd’hui, en ces moments incompréhensibles, combien sont-ils ces enfants de onze ans, otages de la folie des hommes, qui passent leur nuit dans des stations de métro de leur ville car voilà que leur printemps flambe[1].

France

 
 
  
 
 
 
 
 
 
 
 

Dernier extrait du tome n°1 « Jacky » 

En septembre 1946, Jacky entre en 3e A mais ne cesse de rêver aux routes de l’aventure de l’été dernier. Il reprend ce chemin qu’il connaît trop bien vers le boulevard du Jardin Botanique. Drapé dans son ennui, le cartable à la main, il retrouve le thermomètre géant placé sur la façade du magasin Au Bon Marché. Il croise les mêmes visages lors de ses mêmes itinéraires en tram et ne peut réprimer les mêmes soupirs d’incompréhension face aux équations algébriques à résoudre impérativement pour, lui assure-t-on avec conviction, se construire un avenir. Jacky reste perplexe à l’écoute de telles argumentations présentées comme l’unique recette pour atteindre et concrétiser le bonheur d’une vie. Dans ses monologues intérieurs, il se promet de ne jamais oublier ces journées passées à vivre en toute liberté sur les routes des Ardennes et de France. Heureusement, la douceur du regard de Suzanne et le contenu de ses lettres illuminent ses journées.

Début octobre 1946, l’abbé Dechamps propose à sa troupe dynamique une comédie en un acte, d’Eugène Labiche, La GrammaireL’ancien professeur de Jacky, après avoir présenté en quelques phrases l’auteur et l’intrigue, présente les différents personnages :  

François Caboussat : ancien négociant
Poitrinas : président de l’académie d’Étampes
Machut : vétérinaire
Jean : domestique de Caboussat
Blanche : fille de Caboussat 

Jacky se voit attribuer le rôle de monsieur Poitrinas, scientifique passionné de fouilles, président de l’académie de la ville d’Étampes. Appréciant volontiers les effets comiques produits par les répétitions de mots ou de gestes, comme il les découvre dans les films de Chaplin ou des Marx Brothers, il est ravi de pouvoir, dans cette comédie, utiliser ce procédé. En effet, son personnage durant la pièce répète à plusieurs reprises cette même réplique : « Je vous apporte une nouvelle considérable ! » Monsieur Poitrinas vit un véritable drame quand, consterné, il découvre − belle ironie du sort pour mon père −, dans une lettre rédigée par son fils, de très nombreuses et inacceptables fautes d’orthographe. En sa qualité de futur beau-père, honteux, mais intègre, il souhaite courageusement informer sa future bru de ce vice inexcusable ne cessant de répéter la réplique en question. Mais très embarrassé, il n’arrive jamais à terminer son propos, et avouer le défaut impardonnable de son fils fiancé. Ce n’est qu’à la fin de la pièce que ce respectable président de l’académie d’Étampes trouve enfin l’audace de révéler à sa future bru, Blanche et à son père Cabussat, le secret qu’il ne peut plus garder. Ce dernier amusé ne se formalise nullement de l’aveu concernant son futur gendre car il souffre de la même faiblesse orthographique.

Poitrinas : Mon fils est un bon jeune homme, affectueux, rangé, jamais de liqueurs, excepté dans son café... Mais il n'a jamais pu faire accorder les participes !
Caboussat : Ce n'est que cela ! mais nous ne sommes pas des participes... pourvu que nous nous accordions[1]

Le choix de cette pièce, donne sans doute à l’abbé Dechamps une nouvelle occasion d’entreprendre non sans humour, à l’intention de son ancien élève une ultime mission pédagogique pour l’encourager dans ses efforts orthographiques.

Connaissant l’admiration de Jacky pour le poète Émile Verhaeren, l’abbé lui prête régulièrement, sans hésiter à les lui commenter, les recueils qu’il possède. Aujourd’hui, Jacky découvre la beauté des quinze poèmes de l’ouvrage Les Villages illusoires au sujet duquel l’auteur explique :  

J’ai recherché, dans Les Villages illusoires, à créer des symboles non pas avec des héros mais avec des gens tout simples et ordinaires. Pour éviter le terre-à-terre et le quotidien, je m’appliquai à grandir leurs gestes et à mettre ceux-ci d’accord avec l’espace et les éléments[2].

Parmi ces gens simples et ordinaires, Le Passeur d’eau, décrit par le poète bouleverse mon père.

La tête effrayamment tendue
Vers l’inconnu de l’étendue[3].

À l’issue d’un combat entre la force de l’eau et la résistance du batelier, sans halte ni repos, le passeur devient héros, un roseau entre les dents.

Charmé par les descriptions du poète, mon père admiratif, imagine les silhouettes des pécheurs, obstinément courbés sur l’eau[4], ou celle du fossoyeur qui entend des glas et regarde au loin les chemins lents[5].  S’émerveillant encore des images choisies pour évoquer la neige.

La neige tombe indiscontinûment,
Comme une lente et longue et pauvre laine[6]

La Pluie le touche plus particulièrement encore quand les mots de l’auteur décrivent si justement ce que mon père ressentait, quand enfant il suivait sur les fenêtres de la cuisine les voyages chaotiques des gouttes de pluie.

Interminablement, à travers le jour gris,
Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris,
Infiniment, la pluie,
La longue pluie,
La pluie[7].

Mon père est fasciné par la répétition systématique de certains mots adoptée par le poète, accentuant ainsi le ralenti du temps. Il se régale surtout de cette générosité d’adverbes.  S’inspirant parfois de ce foisonnement dans ses écrits, l’élève se demande pourquoi le poète est applaudi pour cette audacieuse particularité, alors que lui est souvent sanctionné pour les avoir utilisés de la même façon dans ses rédactions.

À suivre… 

 
 
  
 
 

Émile Verhaeren, Les Villages illusoires.

 
 
 
 
  
 
 
 

Chaque mois, la Fondation Brel vous propose un extrait d’un des nombreux témoignages du film "J’arrive".

France Brel, fille de Jacques. 

Contexte : Aux Canaries, Jacques a un malaise lors d’un trajet en voiture avec France, Maddly et Alice Pasquier.

 
 
 France Brel (extrait du film J'ARRIVE) 
 
 
 
 
 

Vos témoignages

« Une expérience émouvante à la hauteur de ce merveilleux artiste. »
Alain, le 23 janvier (exposition + film « J’arrive »)

« Un très beau voyage dans la vie et l’univers de cet artiste unique en son genre. Merci pour cette belle découverte. »
Florence, le 30 janvier (exposition)

« Merci beaucoup. Nous avons passé un magnifique moment avec plein de frissons. »
Monique, le 4 février (exposition)

 
 
 J'ARRIVE Bande annonce (2021) 
 
 
 
 

Nouveauté dans le Ciné Brel

Jacques Brel op de Marquisen 

Pour nos amis bilingues français/néerlandais, un film de Walter Ertveld (2001), désormais disponible dans notre Ciné Brel, sur rendez-vous. 
 
 
  
 
 
 
 

Pendant ce mois de janvier, les oeuvres de Jacques Brel ont inspiré… 

 
 
 

Voir un ami pleurer, La Chanson des vieux amants, Amsterdam

Dans un projet de chanson « When a Man Undresses Darkness » de l’Orchestre Philharmonique de Bohême du Sud.

Ne me quitte pas, Vesoul, Au suivant, Jojo, Knokke-le-Zoute tango

Dans un projet de fin d’études des étudiants Hendrik Behnen et Naomi Seine du Conservatoire à Utrecht. 

Marieke

Demande de dénomination d’une rue dans un nouveau quartier résidentiel au centre de Herk-de-Stad, en région flamande.

Ne me quitte pas

Dans une interprétation de Philippe Habib.

La Chanson des vieux amants

Dans un court-métrage intitulé « Le Chant des Génisses », réalisé par Luc Berthiot, dans le cadre de ses études à l’ESRA Côte d’Azur.
Synopsis : L’anxiété de Thomas s’aggrave depuis qu’il pense que ses parents vont divorcer. Pour surmonter ses crises d’angoisse sans prendre de médicament, son seul refuge est le chant. Mais impossible de s’y adonner chez lui sous les disputes de ses parents. Chaque jour, il se rend donc devant un champ de génisses proche de chez lui, à l’abri pour chanter. C’est alors qu’il est surpris par Marilou, une jeune fille qui semble s’intéresser à lui.

Voir un ami pleurer

Dans une nouvelle série télévisée intitulée « Miskina ». 
Synopsis : MISKINA, c’est la série qui suit les déboires d’une jeune fille qui ne rentre dans aucune case parce qu’elle en coche trop. Être une femme, garçon manqué, vierge, en surpoids et musulmane en France aujourd’hui c’est forcément être au cœur d’un tiraillement. A plus forte raison quand on vient d’avoir 30 ans… 

Ne me quitte pas, Amsterdam, Le Plat Pays, Quand on n'a que l’amour

Jouées et chantées par des artistes brésiliens au sein de l’Ambassade de Belgique au Brésil dans le cadre des fêtes de la francophonie. 

Les Bourgeois

Dans un documentaire belge intitulé « Lou », réalisé par François Gonce. Lou Boland est un jeune artiste bruxellois porteur d'un handicap sévère. Il est né aveugle et souffre de troubles autistiques. C'est aussi un musicien autodidacte talentueux qui a l’oreille absolue.

Ne me quitte pas

Dans une série « Soul Music » produite par la BBC.

 
 
 
 
 

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© Fondation Jacques Brel d’utilité publique 2018.

 
 
 
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