JEF 

Avril

En guise d’éditorial, quelques extraits de l'avant-propos du livre « Jacky »

Ce n’est qu’après, longtemps après…

Fils de…

          Mes premiers souvenirs remontent à l’époque où la famille vit à Montreuil-sous-Bois en région parisienne, entre novembre 1955 et février 1958. Dès mes premières années, j’observe silencieusement ce qui m’entoure et m’étonne, et que mon enfance ne comprend pas très bien. Heureusement, un sentiment doux et rassurant, semblable à un petit sentier de lumière se dessine lorsque mon père est présent. 

          Du haut de mes 4 ans, ce magicien aux longs bras, aux grandes mains, à la voix forte, dégageant une énergie qui me fascine, transforme par sa personnalité les ambiances, les atmosphères, comme un rayon de soleil inattendu illumine soudainement un paysage. Au fil des années, ce petit sentier de joie s’est élargi. 

          Devenue adulte, je l’emprunte chaque fois que j’ai l’occasion d’évoquer la vie ou l’œuvre de mon père. 

          Mais parler de Jacques est une chose, écrire sa vie en est une autre. Depuis de nombreuses années, habitée discrètement par le souhait de rédiger, j’ai estimé avant de prendre la plume, qu’il me fallait encore et encore me confronter à la multitude des ressentis de la vie, au poids du destin, aux douleurs qui vous lacèrent les soirs de défaite et aux éclatements du cœur les jours de bonheur indicible.

          Homme de son époque, il fallait le replacer dans son contexte familial, social, politique et culturel. Pour ce faire, il m’apparut évident d’intégrer à mon récit la rigueur d’une chronologie et de m’astreindre au rythme du temps, notion si importante pour lui. Ce déroulement du fil des jours me permet non seulement d’approfondir la complexité du ressenti de l’instant, son intensité, mais surtout de m’exprimer au présent, n'hésitant pas à évoquer avant leurs rencontres avec mon père, des femmes et des hommes, futurs témoins de sa vie.

          Comme tous les Bruxellois, Jacques a grandi tout naturellement avec l’accent de sa ville et c’est pourquoi de nombreuses expressions de ce dialecte parsèment le récit, un parler qu’il pratiqua toujours avec joie.

          Je vous invite à  suivre l’itinéraire de mon père, ce pèlerin de la vie, éternel nomade parti à la rencontre des hommes avec pour unique bagage son envie d’écrire et son cœur grand ouvert. 

          Plus de 40 ans après l’envol de Jacques, grâce aux nombreux témoins et à notre travail d’archivage à la Fondation Brel, ce récit reste surtout le fruit d’une vie, la joie de témoigner, longtemps après… 

Parution en juin

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          Dans mon dernier éditorial je n’ai pu m’empêcher d’évoquer les regards éberlués de ces enfants otages, oubliant la joie et leurs jeux, passant leur nuit dans des abris de fortune. J’ai croisé le regard tendre et silencieux de l’un d’eux. Il se nomme Yaroslav et du haut de ses 5 ans est arrivé de la ville Kharkiv avec sa mère et sa sœur Sofia. 

          Touchée par sa sensibilité je me demande, si devenu grand, il ne voudra pas se souvenir de la semaine vécue sous les bombardement, de la fuite familiale et tout comme mon père, longtemps après, écrire des chansons comme des prières pour éviter une nouvelle guerre. 

France

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Extrait du tome n°2 de la chronique :
« Un troubadour » 

Résumé :

Le mois dernier, l’extrait de la Chronique évoquait l’automne 1946 quand  
Jacky savourait sa passion pour la poésie d’Émile Verhaeren.
Aujourd’hui, encore sous le choc de son renvoi de l’Institut Saint-Louis il y a quelques jours à peine, mon père se laisse entrainer par son camarade Robert Martin à rencontrer Hector Bruyndonckx, le président du mouvement de jeunesse, La Franche Cordée. En ce jour de Noël 1946, comme chaque année, c’est journée portes ouvertes chez les Bruyndonckx où jeunes filles et jeunes gens  se retrouvent dans l’après-midi. Mon père et ses camarades pénètrent dans le salon de la grande maison. 

Le 25 décembre 1946 vers 16 heures, alors que les discussions sont déjà bien animés, intimidé, sur le seuil des trois pièces en enfilade du bel-étage (rez-de-chaussée surélevé d’un demi-étage), où les meubles ont été repoussés le long des murs pour la circonstance, mon père découvre le groupe d’une cinquantaine de jeunes, joyeux et bavards.

 Une image contenant personne, homme, vieux, aîné

Description générée automatiquementJe me souviens des trois jeunes qui disent bonjour à tout le monde.  Jacques va s’asseoir dans le fond du salon. Mon père, Hector, quitte sa place et va se mettre à côté de lui pour en savoir un peu plus sur lui.[1]

Profil bas, Jacky répond aux questions d’Hector. Il lui explique son renvoi inattendu de l’Institut Saint-Louis, la colère majuscule[2] de son père, précisant que sa mère, comme souvent, tente de tempérer les émotions de la situation. Il avoue qu’il s’attendait certes à être moflé (à avoir raté) à plusieurs de ses examens de Noël mais certainement pas à être exclu de l’établissement. Doucement envahi par la chaleureuse impression d’être écouté par cet adulte attentif à son récit, mon père glisse parfois vers son interlocuteur des regards furtifs et timides. L’échange dépourvu de jugement qui s’installe entre eux lui rappelle son premier face à face avec l’abbé Dechamps.

Peu à peu il prend confiance en présence de cet adulte qui lui témoigne une attention sincère. L’œil vif derrière ses lunettes, la sensibilité sans cesse déployée vers la souffrance et les soucis de l’autre, Hector écoute les ressentis d’échec et d’humiliation décrits par mon père et trouve les mots qui apaisent l’âme blessée. Survolant d’un regard bienveillant ces jeunes réunis autour de lui et dont il se sent responsable, il présente à mon père les intentions du mouvement de jeunesse créé il y a quelques années. Il explique à Jacky les différentes activités organisées en équipe : sportives, sociales et de divertissement à travers lesquelles il est souvent question de venir en aide à ceux qui en ont besoin. Jacky écoute attentivement la présentation et retient surtout qu’il existe au sein du mouvement une section ‘divertissement’.

Petit à petit, comme un rayon de soleil qui arrive tel un cadeau après plusieurs jours de ciel gris et de pluie, mon père se sent réconforté par les paroles d’Hector qui déposent une lueur d’espoir dans son âme si lourde.  Quand le maître de maison lui demande ce qui l’intéresse dans la vie, ce qui le rend heureux Jacky, qui avait toujours rêvé qu’on lui pose un jour cette question, est enchanté d’avoir été interrogé par un adulte sur d’autres sujets que ses résultats scolaires. Doucement il ressent la merveilleuse impression d’exister en tant que personne. Mon père lui dévoile son envie d’écrire, sa joie à préparer des spectacles et à les présenter lors de ses activités à la Dramatique de Saint-Louis. De plus en plus sensible à la présence de tous ces jeunes autour de lui, d’une voix plus forte Jacky entreprend Hector sur la possibilité de présenter des spectacles dans sa maison. Pas très éloigné de cette conversation entre son père et ce jeune qu’il ne connait pas, le jeune Gustave entend :

- Et je pourrais monter un spectacle ici dans votre salon ?
- Quel genre de spectacle ?
- L’histoire d’un troubadour et du diable.[3]

Touché par l’engouement soudain du jeune homme, qui peu de temps auparavant lui semblait encore bien désemparé, l’adulte, heureux d’avoir pu éloigner la vague de désespoir de Jacky, sourit en guise d’acquiescement. Cette perspective de spectacle à présenter dessine tout à coup dans le cœur de mon père les premières lueurs d’aubes ensoleillées et Hector se réjouit en constatant l’entrain soudain du jeune homme.

Pédagogue expérimenté, doué d’une très belle capacité d’écoute, Hector s’intéresse avec patience à chacun. Chaque fois qu’il est nécessaire, il offre à l’autre ce merveilleux cadeau : le sentiment d’être sinon compris, du moins entendu et reconnu. Ils sont nombreux à apprécier sa disponibilité qui semble illimitée. Prend-il toutefois le temps lors de cette rencontre avec mon père de lui préciser que lui non plus n’a pas terminé ses études secondaires ?

 À suivre… 

 

Hector Bruyndonckx

 
 
 
 
  
 
 
 

Chaque mois, la Fondation Brel vous propose un extrait d’un des nombreux témoignages du film "J’arrive".

Ce mois-ci, France Brel

 
 
 France Brel (extrait du film J'ARRIVE) 
 
 
 
 

Livre dor du film « Jarrive » 

« J’y ai vu une croisière humaine. Celle de votre père, traversant un « ravin de ténèbres », fragilisé, désabusé, luttant pour retrouver la prodigieuse énergie créatrice qui était la sienne. Et puis la vôtre et celle de votre maman, confrontées à cet homme en perpétuelle errance. » André B., le 20 mars 

« Merci, merci, merci, c’était formidable. Film parfait, belle images, belles musiques, scénario impeccable. Film plein d’amour, plein d’intelligence. Merci à France. Merci à Miche. » Le 10 mars 

« France, ce film était tellement juste, à la fois à charge et à décharge mais toujours dans l’amour de ton père, un « artiste » avec tout ce que cela signifie. Mon père en était un aussi. Tu as, par ce film, su exprimer ce qu'est un vrai artiste. Toute sa vie être lui, « quoi qu’il en coûte »… Merci. » Sandra, le 10 mars 

« Un film très « dynamique ». On n’a vu le temps passer ! De plus, il exprime ouvertement le « non dit », ce qu’on soupçonnait ! C’est un éclairage, un point de vue « original » de l’homme, une explication crédible de ses contradictions. » Le 28 février 

 
 
 J'ARRIVE Bande annonce (2021) 
 
 
 
 

Les séances avec France reprennent

Les séances avec France

La Fondation Brel vous invite à une des projections des films « Les Adieux à l’Olympia » ou « J’arrive », présentés et commentés par France Brel.

Prochaines dates :

  • vendredi 29/04/2022 de 11h à 13h
    Film LES ADIEUX DE BREL À L'OLYMPIA présenté et commenté par France

  • vendredi 29/04/2022 à 14h à 17h
    Film J’ARRIVE présenté et commenté par France

  • vendredi 27/05/2022 de 11h à 13h 
    Film LES ADIEUX DE BREL À L'OLYMPIA présenté et commenté par Franc

  • vendredi 27/05/2022 de 14h à 17h 
    Film J’ARRIVE présenté et commenté par France

 
 
  
 
  
 
 
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Cadeau

Du vendredi 8 au dimanche 10 avril 2022

À l’occasion de l’anniversaire de Jacques Brel, une carte postale offerte pour tous les visiteurs de la Fondation Brel. 

 
 
  
 
 
 
 
 

Pendant ce mois de mars, les oeuvres de Jacques Brel ont inspiré… 

 
 
 

La Chanson de Jacky

Traduite en suédois par « Mangsies Sång » et interprétée par Magnus Skogsberg Tear, bientôt disponible sur Spotify. 

La Valse à mille temps

Dans le film français « Fin de l’histoire » réalisé par Eric Tolédano et Olivier Nakache. Synopsis : Albert et Bruno sont dans le rouge, consommateurs compulsifs, surendettés, ils collectionnent les prêts à la consommation, les dettes aux amis, à la famille et aux collègues. Alors qu’Albert vivote à peine entre son boulot sur les pistes de Roissy et ses combines dans les coulisses de l’aéroport, Bruno, en pleine séparation, s’apitoie sur son sort dans une maison quasi vide proposée à la vente sous saisie.

Quand on n’a que l’amour

Pour le documentaire « 25 ans de Tôt Ou tard » produit par le label indépendant Tôt ou Tard.

Ne me quitte pas

Dans une version finnoise pour un film documentaire auto produit par Galapiat Cirque.

Quand on n’a que l’amour

Dans la série Netflix « Red Book »Red Book est une nouvelle série d'anthologies des esprits derrière Black Mirror pleine de suspense et de satire. Une série de meurtres et de chaos, chaque épisode est une histoire autonome. Couvrant l'espace et le temps, nous voyageons d'une petite ville d'Angleterre aux lumières brillantes d'Hollywood et au-delà. Chaque histoire explore la condition humaine et les choix que nous faisons.

 
 
 
 
 

Agenda

Samedi 9 avril 

À 19h30 au théâtre de Dudingen en Suisse.

Christophe Lacassagne
Direction et arrangements : Maxime Pitois
Orchestre : Ensemble Instrumental de l’HEMU

La musique et la littérature ont été de tous temps associées. L’opéra en est le plus bel exemple, tout comme le sont les poèmes de Goethe avec la musique de Schubert. Jacques Brel, ce poète populaire disparu il y a 40 ans, nous a légué un vaste répertoire qui est sans conteste le plus « symphonique » de la chanson française. Christophe Lacassagne et Maxime Pitois, rendent hommage au « Grand Jacques », et interprètent les plus grandes chansons du chanteur belge, parfois drôles, déchirantes, tendres ou ironiques. Infos.


Samedi 9 avril 

À 20h30 à la Salle Georges Chrétien. Sébastien Cools chante Brel - Orchestre d’Harmonie de Saint-Denis de Gastines. Infos.


Les 1, 2, 8, 9, 10, 15, 16 et 17 avril

Un spectacle musical déjanté en voix et chansigne de Joël Chalude : équilibriste rationnel de l'absurde, il pose sa voix de nulle part sur une insolite portée musicale qu'il croise ici et là, entre mime et langue des signes, à l'univers encore plus singulier de l'immense Jacques Brel… Infos.

 
 
 
 
 

             

 
 
 

© Fondation Jacques Brel d’utilité publique 2018.

 
 
 
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