En avril 1934, peu de jours après avoir fêté son anniversaire, le jeune Jacky, au cours d’une promenade printanière, se couche avec plaisir dans l’herbe, lui qui apprécie tant la nature. L’enfant de cinq ans s’émerveille du ballet des nuages blancs qui glissent paresseusement sous le vent. Contemplant le ciel, il rêve face à cette vaste fenêtre qui l’attire vers un ailleurs inconnu.
En avril 1944, fier d’avoir enfin fêté ses quinze ans, l’adolescent au cœur écorché par la haine des hommes, s’interroge sur l’absurdité de cette guerre que des adultes lui imposent et qui brisent ses regards d’enfant.
A l’heure où le sommeil ferme les paupières de ses parents, fatigués par la vie et la maladie, Jacky lui, toujours fasciné par le ciel, cherche à s’évader et s’installe discrètement sur la terrasse familiale. Observateur clandestin, il plonge dans l’infini de la voûte céleste.
Lors de ces instants volés à l’ennui d’un quotidien sans avenir, le firmament devient son médicament, plus encore, son interlocuteur, le témoin de ses serments nocturnes.
Malgré les années qui passent et passeront, face à l’immensité du ciel, Jacky, sans force et sans armure est déterminé à ne jamais oublier le temps de l’enfance, celui d’avant la guerre.
Oubliant le présent de sa planète où résonnent les peurs, les malheurs et les bombardements, mon père s’interdit de devenir un jour, à son tour, un adulte décideur de conflits. Il se promet d’offrir plus tard des histoires pour rompre la solitude et la tristesse des hommes éprouvés afin qu’ils se regroupent sous l’unique drapeau de la paix.
C’est sans doute pour cette raison qu’à l’évocation de chacun de ses anniversaires de naissance, et comme en ce prochain 8 avril 2024, où il aurait fêté ses 95 ans, Jacky respectant son serment, nous rappelle à travers ses chansons, sa détermination à vouloir aimer les hommes et à le leur dire.
France Brel
* La Quête